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Témoignage - La transparentalité

Dernière mise à jour : 5 août 2022

Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Amélie & Nathan que j'ai rencontré au Family Pride Festival en Avril dernier. Quelle joie d'échanger avec cette douce famille et de découvrir leur petit Arthur, si adorable.


Je vous propose à vous aussi de les rencontrer et d'en apprendre plus au sujet de la transparentalité, c'est parti !



Amélie, Nathan, pouvez-vous vous présenter ?

Nous sommes Amélie et Nathan, 28 et 30 ans. On s’est rencontré lors d’un séjour de vacances que je dirigeais : j’ai recruté Amélie à la dernière minute. A l’époque, elle était fiancée, et j’allais me pacser. Nous nous sommes tout de suite bien entendu et c’est elle, sans le savoir, qui m’a aidé à mettre des mots sur mon rapport à mon genre. C’était purement théorique à l’époque, on parlait d’identité, de militantisme d’une manière générale.


Nous sommes devenus amis et le sommes restés pendant 3 ans. Nous avons fini par nous mettre en couple quelques mois après le divorce d’Amélie. Je lui avais fait mon coming out trans quelques semaines avant (et elle son coming out polyamoureux). Ma transition a donc débuté avant qu’il ne se passe quoique ce soit entre nous, mais Amélie a été là à chaque étape !



Comment est arrivé votre désir de parentalité ?

Il a toujours été là, il était déjà là dans nos relations précédentes, on en parlait quand on était amis et ça a été un sujet dès le début de notre relation. Très vite on a discuté du fait que j’espérais avoir un enfant avant mes 30 ans, et Amélie avant ses 25 (raté pour elle). La première fois qu’on a discuté des prénoms de nos futurs enfants, on était ensemble depuis quelques semaines, et Amélie m’emmenait pour la première fois dans sa famille. C’est ce qui a fait qu’on n’a pas eu l’impression de « repartir de zéro » après nos relations précédentes, on a repris nos projets de parentalité au même endroit mais avec quelqu’un de différent. On s’est rendu compte qu’on avait le même prénom en tête pour un garçon et pour une fille il ne nous a pas fallu beaucoup plus longtemps (le temps d’arriver en Bourgogne !).


A l’origine, c’était moi qui devais vivre cette grossesse. Amélie ne s’est jamais projetée enceinte alors que je me suis toujours vu porter un enfant, et ma transition n’y a rien changé. Nos familles étaient un peu frileuses mais on ne leur aurait pas laissé le choix. A l’époque, j’étais professeur de musique et faisaient chanter mes élèves régulièrement, je n’avais donc pas prévu de prendre de testostérone* avant de changer de métier. Mais avec le CoviD, le protocole sanitaire interdisait le chant, et muer n’était plus un problème. C’est donc quelques semaines avant de nous lancer dans les essais que le plan a changé. Ça s’est fait de manière fluide contrairement à ce qu’on avait imaginé quand on a commencé à envisager qu’Amélie porte à ma place.


*Pour qu’un homme trans hormoné puisse porter un enfant, il est conseillé d’arrêter la testostérone plusieurs mois avant la grossesse, et de ne pas reprendre avant le retour de couche.


Par quel biais avez-vous décidé de concevoir votre enfant ?

On a rapidement écarté l’option de la PMA en clinique (en tant qu’homme trans, avec un M sur mes papiers je n’y ai pas droit, et la grossophobie médicale ne faisait pas rêver Amélie) et le fait d’avoir un donneur qu’Arthur puisse connaître pour avoir des réponses à ses questions nous plaisait bien (non pas parce que les questions sont systématiques, mais on préfère avoir les réponses s’il en a). On a fait une liste de nos amis cismecs à qui demander, et le deuxième a été le bon (et heureusement parce que la liste n’était pas très longue #misandrie).


On a eu deux cycles d’échec, on a failli ne pas faire d’essai sur le troisième à cause d’un problème d’organisation, puis ça s’est fait à l’arrache et c’est inadmissible que ce soit la fois où ça ait marché ! Une fois la grossesse lancée, la transidentité de Nathan nous a surtout permis de profiter du privilège hétéro : il a un M sur ses papiers, tout le personnel soignant est parti du principe qu’il était le père biologique, jusqu’à la déclaration en mairie. On en a profité en culpabilisant un peu vis à vis du vécu lesbien, mais pas trop parce que le jour où Nathan portera on galèrera beaucoup plus pour compenser.


L’amoureuse d’Amélie ne fait pas partie de notre projet parental, mais elle a été là pour elle tout au long de la grossesse (et adore Arthur).*


*Amélie est polyamoureuse



Aujourd’hui, maintenant qu’Arthur est auprès de vous, comment se passe votre vie de famille ?

Bien ! Nathan est resté père au foyer depuis la naissance d’Arthur et jusqu’à son premier anniversaire où il rentrera à la crèche. De fait, c’est plus lui qui gère la maison, qui connait les habitudes d’Arthur etc… Mais en même temps c’est aussi logique avec nos tempéraments et nos personnalités.

Je suis souvent en déplacement, je travaille certains week-ends, donc Nathan et Arthur me suivent pour que je puisse le voir quand même. Mais 8 mois plus tard quand je cherche un body j’ouvre encore tous les tiroirs (Nathan change régulièrement sa logique de rangement histoire de me compliquer la tâche). On prend toutes les décisions ensemble mais c’est Nathan qui a le dernier mot puisque les contraintes du quotidien lui retombent dessus (DME, couches lavables, poussette ou non…).


Nous n'avons pas une répartition égalitaire des tâches, ce sera peut-être plus le cas quand Nathan aura repris le travail, mais dans tous les cas c’est important pour nous qu’Arthur voit son papa s’investir au quotidien.

Nous avons craint au début que Nathan ne soit pas reconnu à part entière comme le père d’Arthur par nos proches (et les moins proches) mais ça n’a finalement jamais été un sujet. C’est mi amusant mi désespérant qu’il se fasse mégenrer à chaque fois qu’il porte Arthur en écharpe. Mais c’est minime dans notre quotidien.


En fait le plus dur c’est peut-être justement de ne pas nous sentir queer dans l’espace public. On s’est tous les deux longtemps projetés dans une « maternité lesbienne », devoir expliquer aux maîtresses que la fête des pères ça n’allait pas être possible, être « les deux mamans d’Arthur » pour les copains de la crèche etc… Comme si notre quotidien n’était plus un moyen de changer le monde, parce que « le papa et la maman d’Arthur » c’est quand même vachement moins fun. Mais bon on compense en en parlant tout le temps et en faisant buguer les hétéroscis quand ils ne s’y attendent vraiment pas.


Les vrais challenges on les attend si Nathan porte notre deuxième enfant. Notre cas de figure n’existe pas (père officiel d’un premier enfant qui porte son deuxième enfant conçu par PMA) et on sait déjà qu’il va falloir se battre pour que notre famille soit reconnue au même titre que les autres.



Quels conseils pouvez-vous donner aux personnes trans souhaitant faire famille ?

Lancez vous ça fait des beaux bébés ! Réfléchissez bien aux différentes options et surtout sur les points négatifs de chacune pour être prêt.es. Et utilisez les familles transparentales déjà existantes pour vous aider à vous projeter et vous sentir moins seul.es ! La communauté est pleine de ressources, même si elle est petite.



Merci Amélie & Arthur pour ce témoignage !


Si vous voulez en savoir plus sur leur parcours, retrouvez-les sur le podcast Papatriarcat.

Sachez également qu'Amélie & Nathan proposent des colonies de vacances pour les enfants 100% safe & inclusives, découvrez-en plus ici : Colo Revelo.


Merci à Capucine Quemin pour la création de cette illustration ❤️


A très vite !



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